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Guyane Info Env'
6 novembre 2004

Projet de parc national

Articles concernant la venue du ministre du MEDD, Serge Lepeltier, en Guyane (mi-octobre) et le comité de pilotage du Parc national, qui s'est tenu le vendredi 29 octobre (CCIG, Cayenne).

 

La délimitation du futur parc national de Guyane bute toujours sur l'orpaillage
01/11 
12:49  Le "zonage" du futur parc national de Guyane bute toujours sur l'activité aurifère, a-t-on appris lundi auprès de la Mission pour la création du Parc national de Guyane après la tenue d'une réunion du Comité de pilotage chargé de l'élaboration du projet.

Seule la proposition de la commune de Camopi (sud-est du département) demandant l'intégration de la totalité de son territoire dans le "coeur" du parc et rejetant toute activité aurifère a été validée.

"Nous pensons que d'ici mi-2005, on aura terminé toutes les consultations et on aura commencé à travailler sur un document", a estimé José Gaillou, représentant du président de la Région, co-président du comité de pilotage.

Lors de son récent passage en Guyane, le ministre de l'Ecologie et du Développement durable, Serge Lepeltier, n'a pas exclu l'orpaillage légal dans les zones périphériques, autour du coeur du parc, dites de "libre adhésion".

"Si cette exploitation devait être autorisée, et si elle devait générer une trop grande pollution qui pourrait par la suite atteindre la zone coeur du parc, les autorisations qui auraient été données, seraient à nouveau stoppées", a précisé, Jean Leduc, directeur régional de l'Environnement (DIREN) lors de la réunion du Comité de pilotage.

Cinq propositions de zonage

La première proposition de zonage date de 1998, avec un "coeur" s'étendant au sud d'une ligne Maripasoula - Saül - Camopi, et couvrant 3 millions d'hectares de forêt.

En novembre 2003, la profession minière avait avancé une limite plus au sud, qui n'englobait pas les monts Paramaca à fort potentiel aurifère, allant de Twenké sur le Maroni, jusqu'à un point situé à une dizaine de kilomètres au sud du confluent de l'Oyapock et de la rivière Yaloupi.

Les associations naturalistes avaient proposé en juin 2004 une limite nord constituée par la chaîne "Inini-Camopi" incluant la réserve naturelle des Nouragues, et un coeur s'étendant au sud, à l'exception des zones d'habitations et d'activités, à l'abri de toute activité aurifère.

Des "zones de libre accès des chefs coutumiers du haut Maroni", des "zones de droit d'usage collectifs" déjà reconnues par l'Etat, où s'exercent les activités traditionnelles des communautés autochtones, et une "extension de ces zones d'usage" (717 000 ha), proposée par les anthropologues Pierre et Françoise Grenand, sont également à l'étude.

"L'élement fort, partagé par tous, c'est que les activités traditionnelles telles qu'elles sont menées aujourd'hui ne sont pas incompatibles avec la préservation du territoire y compris dans le coeur du parc, à condition que ça reste des activités de subsistance", résume Patricia Caristan, chef de la Mission pour la Création du Parc national de Guyane.

Environ 6.000 personnes, amérindiens et noirs marrons, en incluant le bourg de Maripasoula, résident dans l'enceinte du futur parc national.


Le projet de parc national en Guyane miné par l'or
26/10 
07:16  L'heure de vérité approche pour le futur parc national de Guyane, véritable serpent de mer depuis 12 ans: un comité de pilotage doit se réunir le 29 octobre pour proposer un périmètre, qui pourrait inclure l'exploitation de l'or.

Le projet de parc, lancé en 1992 au Sommet de la Terre par François Mitterrand, vise à préserver 3 millions d'hectares dans le tiers sud du département français, constitué de forêt amazonienne quasiment intacte.

Le projet, perçu comme "imposé de Paris", a échoué en 1995, avant d'être relancé en 2003 en concertation avec les élus, chefs coutumiers et populations.

La question de l'or empoisonne les débats. Le potentiel minier se situe précisément sur la chaine "Inini-Camopi", qui traverse de part en part le futur parc.

La commune de Camopi, au sud-est, refuse l'orpaillage. Au sud-ouest, Maripasoula est partagée, une partie de la population pratiquant l'orpaillage. Et Saül, au centre du département, "est né de l'or", rappelle Patricia Caristan, chef de mission pour le parc.

Le ministre de l'Ecologie Serge Lepeltier, en visite en Guyane du 15 au 18 octobre, mise sur l'assouplissement de la loi de 1960 sur les parcs nationaux pour débloquer le projet guyanais.

"Vous avez d'une part un coeur de parc dont l'objectif principal est la protection des milieux, et la zone d'adhésion qui permet de lier activité et développement dans le cadre du développement durable", a expliqué M. Lepeltier.

Un parc national peut-il abriter une activité minière? "On me dit qu'on peut envisager un orpaillage qui ne nuise pas à l'environnement", avance prudemment M. Lepeltier.

"L'orpaillage propre n'existe pas", conteste Pierre Charles-Dominique, directeur de recherche au CNRS, dont la base a été pillée par des orpailleurs armés en avril, en pleine Réserve naturelle des Nouragues.

des fleuves pollués au mercure

Pour extraire l'or, les orpailleurs désagrègent les sols à la pelleteuse ou à la lance à eau. Ils laissent des terrains nus, des berges dévastées, des fleuves pollués au mercure (qui agglomére l'or).

"Même réhabilité, un site ne redeviendra jamais de la forêt primaire", observe François Boléat, de l'association écologiste Sépanguy.

"Attendons vingt ans, voyons comment évoluent les techniques", propose Philippe Gaucher, chef du conseil scientifique de la mission du parc, plaidant pour un moratoire.

Trop tard? La Drire (Direction régionale de l'industrie, recherche et environnement) vient d'accorder un permis minier de 3 ans dans la zone de Saül, au sein du futur parc, anticipant la décision finale.

"Il y a une volonté politique forte pour créer un parc à tout prix", constate le directeur régional de l'Office national des forêts Michel Berberes.

L'ONF craint que l'orpaillage légal n'entraine à sa suite une foule d'illégaux, y compris dans les zones actuellement préservées. Leur présence génère toute sorte de trafics, violences, maladies, et favorise la pénétration de l'alcool, qui déstructure les communautés amérindiennes.

"L'enjeu du parc est de faire en sorte que cela se passe le moins mal possible pour les populations indiennes", explique Philippe Gaucher.

"La Guyane n'a rien à gagner à l'orpaillage", s'enflamme José Gaillou, deuxième vice-président du Conseil régional. La commune et le département tirent moins de 60 euros de taxes d'un kg d'or à 10.000 euros, rappelle-t-il.

Mais localement, l'orpaillage est souvent l'unique activité économique. "Est-ce que l'Etat est prêt à jouer le jeu, et à nous aider à trouver des activités alternatives pour nos jeunes?", interroge l'élu régional.

 

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